Recherche

Les muscles hibernent-ils?

Avez-vous déjà lu ou entendu que les muscles possédaient des «réserves autonomes»? On postule ainsi l’existence d’un réservoir de force pouvant être utilisé dans des situations extrêmes telles qu’un danger mortel et qui, dans des circonstances normales, est protégé par notre système nerveux.

Cette idée part du principe que nous disposons d’unités motrices dormantes, qui ne seraient «réveillées» que dans les situations extrêmes et mises en œuvre pour produire de la force. Pour rappel: les unités motrices se composent toujours d’une cellule nerveuse motrice et de toutes les fibres musculaires innervées par cette cellule. Si cette conception était exacte, certaines fibres musculaires seraient alors rarement, voire jamais utilisées. Mais un tel réservoir existe-t-il vraiment, peut-on le réveiller ou ne s’agit-il que d’un mythe? Le scepticisme est d’ores et déjà de mise lorsque l’on se demande pourquoi ces fibres musculaires seraient protégées de l’atrophie (perte musculaire) en cas de non-utilisation.

Mais comment pourrait-on sinon expliquer que, dans des conditions extrêmes, nous disposons d’une force accrue? L’une des raisons physiologiques possibles réside dans la «cadence de feu» des unités motrices. Qu’est-ce à dire? Le recrutement des unités motrices se fait par le biais d’impulsions électriques – et ce selon un modèle croissant. Lors d’une activité physique, ce sont d’abord les petites unités motrices qui travaillent, et donc un nombre réduit de fibres musculaires de type 1. Il s’agit de fibres de type lent qui produisent peu de fibres, et lentement, mais qui sont très résistantes à la fatigue. A mesure que la fatigue progresse seulement, un nombre croissant de grandes unités motrices sont mobilisées. Les corps cellulaires des neurones moteurs concernés sont de grande taille, épais et ont tendance à activer de nombreuses fibres musculaires de type 2, c’est-à-dire des fibres de type rapide, qui génèrent en un temps bref une grande quantité de force, mais qui fatiguent rapidement. Au cours de ce recrutement, les cadences de feu de chaque unité motrice diminuent. Ainsi, les grandes unités motrices sont mises en service avec une cadence de feu inférieure à celle des petites.

Des études menées avec de l’électrostimulation ont cependant montré que les unités motrices de grande taille pouvaient également être recrutées avec des cadences de feu supérieures et ainsi être mises en service plus tôt. Nos cellules nerveuses motrices possèdent de ce fait la capacité de varier la cadence de feu et de dégager ainsi une certaine réserve de force.

Pour résumer: il n’existe pas de muscles qui se trouvent quasiment en hibernation et que vous pouvez réveiller. Portez régulièrement vos muscles à leurs limites et vous vous assurerez ainsi qu’ils soient toujours «au printemps». Même si nous ne pouvons modifier ce mécanisme de protection volontairement, un grand principe s’applique: avec une masse musculaire accrue, vous êtes parfaitement armé(e) pour les situations extrêmes et critiques.


Texte : Dr sc. ETH David Aguayo

Article connexe

Un entraînement efficace pour le plancher pelvien

[Translate to French:]

Nouveaux enseignements issus de la recherche

Kieser Training fait de l’effet – l’étude de 2009

Pieds musclés – chevilles stables

Le pouls de la science: La musculation est une nécessité

[Translate to French:]

Musculation: un entraînement de courte durée mais intensif est préférable

Résumé: Une étude de faisabilité explorative

[Translate to French:]

Entraînement du plancher pelvien – pour que la vessie ne fasse pas des siennes

Vieillir n’est pas un problème. Mais perdre de la force en est un.

Améliorer le diabète de type 2 avec la musculation

[Translate to French:]

Projet de recherche "écart entre intention et comportement – causes et potentiel d’optimisation"

L’inactivité est fatale

Les muscles encouragent un système immunitaire fort

Popeye avait-il raison?

Un entraînement sur toute l’amplitude du mouvement? Les faits valident son intérêt!

Effets de la musculation en prévention tertiaire